L'économie de la fonctionnalité et l'innovation sont-elles compatibles ?
Lien Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=SpAsD1A0-fY
Une table ronde présentée par : Animateur Thomas Mesplede (Permanent Alliance Green IT), Adrien Montagut Romans (Responsable des affaires publiques et de la communication chez Commown), Grégory Cauchie (Président Fondateur chez Koevoo) et Eric Fromant (Fondateur de SEFIOR)
Qu’est-ce que l’économie de la fonctionnalité ?
Il s’agit de la vente de l’usage d’un bien plutôt que la vente du bien en lui-même. Elle incite ainsi le producteur à prolonger la durée de vie de son bien, ce qui favorise un moindre gaspillage des ressources naturelles.
L’économie de la fonctionnalité favorise ainsi l’économie circulaire. Elle fait notamment écho à l’allongement de la durée de vie des équipements quand on parle de numérique responsable.
L’économie de fonctionnalité ne doit pas être confondue avec la location car ce n’est pas que la mise à disposition du bien, mais plutôt un changement complet du système.
L’entreprise reste propriétaire, elle a un accès sur l’ensemble du cycle de vie du produit. Cela lui permet de trouver des synergies entre certaines composantes du produit mais aussi avec des composantes de l’écosystème qui l’entourent.
On est à l’inverse de la manière de pensée habituelle de l’économie linéaire.
On peut citer quelques exemples de l’économie de la fonctionnalité : la cafetière Nespresso à usage professionnel (l’hôtelier ne paye pas la cafetière, elle est disponible en prêt), les laveries automatiques, etc.
Dans l’économie linéaire, il est possible de dominer soit par la différenciation soit par les coûts, tandis qu’avec l’économie de la fonctionnalité il est possible de dominer par les deux. L'économie de la fonctionnalité est la boucle la plus courte de l’économie circulaire mais aussi la plus rentable et la plus écologique.
Chez Commown, ils font de l’économie de la fonctionnalité avec en plus de la coopération.
L’économie de la fonctionnalité est vertueuse si elle s’inscrit en rupture avec cette vision de faire toujours plus d’argent pour rémunérer une minorité de personnes (capitalisme).
La société coopérative d’intérêt collectif limite drastiquement la rémunération du capital et du pouvoir de l’argent, et augmente la transparence. Il existe une relation étroite avec les producteurs qui sont aussi sociétaires de la coopérative.
La société coopérative d’intérêt collectif limite drastiquement la rémunération du capital et du pouvoir de l’argent, et augmente la transparence. Il existe une relation étroite avec les producteurs qui sont aussi sociétaires de la coopérative.
Commown en quelques chiffres : + de 5 000 appareils en circulation, ils s’adressent aussi bien aux particuliers qu’aux professionnels. La livraison se fait en France, Allemagne, Belgique et Autriche.
Est-ce que l’économie de la fonctionnalité et de l’innovation sont-elles compatibles ?
La seule vraie difficulté c’est d’accepter de réfléchir pour penser d’une manière différente.
Prenons un exemple : Dow Chemical en Allemagne. Ils ont connu des difficultés car les solvants chlorés étaient considérés comme toxiques, dangereux, et difficiles à recycler. Après une loi qui a imposé de transmettre ces déchets dangereux à une entreprise habilitée à les traiter, Dow Chemical a transformé son activité de solvants chlorés. Elle ne vend plus les solvants, mais les fournit gratuitement, les récupère et fait payer son usage. Ainsi, ils ont économisé 92% du solvant par distillation et les bidons à usage unique sont devenus à usage multiple.
Par ailleurs, la RSE est un effet secondaire gratuit de l’économie de la fonctionnalité. L’homme a une capacité infinie à tout pervertir, il faut donc des garde fous, comme la RSE, la CSRD qui accroissent le côté contraignant. Le ratio qui importe est celui de la valeur ajoutée sur la consommation de ressources matérielles.
Quels changements ce modèle de l’économie de la fonctionnalité va subir avec la prise de conscience des enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux, et avec la montée de la RSE ?
Le changement se fait autour du service : comment l’utiliser le mieux possible, le moins possible, et comment le faire réparer le plus possible ?
La consommation est majoritairement produite par la fabrication de ces équipements high-tech.Le point clef est donc de réussir à attirer les fabricants dans le modèle de l’économie de la fonctionnalité.
La CSRD permet de donner des chiffres pour suivre l’évolution de l’entreprise dans le temps. La démarche va dans le bon sens : on veut afficher plus de choses. Néanmoins, il faut mettre en avant la méthodologie utilisée pour savoir comment le chiffre a été calculé et sur quel périmètre.
Au fur et à mesure de l’arrivée des réglementations, l’obsolescence programmée ne sera plus possible.
Enfin, l’économie de la fonctionnalité est particulièrement rentable, notamment via la diminution de la consommation d’énergie de matières premières. Cela fait également baisser la pollution.
Sur le plan social, l’abaissement de la durée de vie d’un produit suppose l’écrasement des salaires car il faut produire plus. Plus on demande aux employés d’augmenter le ratio de la valeur ajoutée sur la consommation de ressources matérielles, plus on a les moyens de les payer.
Quelles sont les limites de l’économie de la fonctionnalité ?
Une des limites est la perte de l’avantage du volume pour les très grandes entreprises.
Par ailleurs, on a tous un biais de confirmation en tant qu’humain quand on entend parler de l’économie de la fonctionnalité. Entre le mot, ce qu’il y a vraiment derrière et ce que l’on en a compris, il y a une différence.
Pour les particuliers, la limite est la dépossession de l’objet car cela est compliqué pour eux. Les gens vont effectivement comparer le coût d’acquisition du produit au coût du service dans la durée. Ils vont se rendre compte qu’ils vont payer plus car ils n’intègrent pas la plus-value servicielle dans leur coût d'acquisition.
Retrouvez toutes ces informations dans le replay de la Table Ronde : https://www.youtube.com/watch?v=SpAsD1A0-fY