Intervenants Table Ronde E5T - Août 2024

L'innovation au service du numérique responsable et durable

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août 2024 - Fondation E5T

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L'INNOVATION AU SERVICE DU NUMERIQUE RESPONSABLE ET DURABLE


Une table ronde présentée par plusieurs membres de l’Alliance Green IT (en gras) : Animateur Romuald RIBAULT, VP de l'Alliance Green IT ;  Brice FOURNEY, Directeur Grands Projets Data Center France ; Mathieu DELEMME, Président du groupe Ctrl-a ; Stéphane LAVAUD, CEO de NEOTIQ ; Jérôme TOTEL, Group Strategy and Innovation Director de Data4 ; Simon CARDON, Fondateur et CEO de DIGITAL FOREST ; Kevin POLLIZZI, Président Unitel Group  Vidéo ; Emmanuel NURRIT, Directeur Général d’Open Studio.  


 

Résumé de la Table Ronde

En introduction, Romuald a rappelé sa gêne lorsqu’il a été sollicité pour animer cette table ronde, pour deux raisons :
  • Le numérique croit à une vitesse fulgurante : besoins qui se diversifient, production et stockage de données accru, augmentation de la consommation énergétique, multiplication des besoins de calcul… De par la complexité des équipements et services fournis, cela amplifie les impacts, notamment environnementaux ;
  • L’innovation (sous-entendu « technologique ») est plutôt contradictoire avec ses valeurs et celles défendues par l’Alliance Green IT. Finalement, la table ronde s’est orientée sur le sujet de l’innovation, mais en laissant plutôt de côté la partie « technologique ».
 

L’innovation dans le secteur du bâtiment Datacenter :


Pour rappel, les services numériques se composent de 3 tiers :
  • Datacenters
  • Réseaux
  • Terminaux utilisateurs

Les centres de données ne représentent qu’une partie de ces trois tiers. Et contrairement aux idées reçues, ce n’est pas celui qui a le plus d’impact. Les centres de données sont à la recherche de la performance depuis le début de l'ère numérique. Au cours des quinze dernières années, il y a eu des innovations progressives dans les centres de données, telles que les équipements économes en énergie, des gains sur l'utilisation de l'énergie, des PUE (Power Usage Effectiveness) globalement divisés par deux.

Nous sommes maintenant à un tournant. D’un point de vue de design, les nouveaux centres de données que l’on construit reprennent le modèle établi en 2007-2008. Par contre, des innovations révolutionnaires se profilent à l'horizon. Il s'agit notamment des puces à très haute densité de NVIDIA pour les applications d'intelligence artificielle et du refroidissement par immersion. Ces nouveautés amènent à repenser le design du Datacenter et pourraient, selon les modélisations effectuées, engendrer une économie potentielle de 60 % sur la climatisation et d'une réduction de 2 à 3 de la taille des centres de données. 

Ces innovations s'inscrivent dans le cadre de la transition vers des datacenters conçus différemment dans les années à venir.

En revanche, même si la performance énergétique a été améliorée, optimisée, il reste important de rappeler que la croissance des besoins est si importante, que malgré tous les efforts, il n’est pas possible de compenser les impacts croissants.

L’une des façons de maitriser cela, et qui est présentée par Brice FOURNEY, est d’adopter une méthode de comptabilité triple capital :
  • Comptabilisation des actifs et passifs financiers ;
  • Comptabilisation des impacts humains ;
  • Comptabilisation des impacts environnementaux.

L’un des effets positifs d’appliquer cette méthode dans une équipe est de sensibiliser, et d’impliquer tous les collaborateurs sur une démarche RSE, à travers les questions sur l'intérêt, le mode de déploiement et les indicateurs à suivre.

La multiplication des usages


Aujourd’hui, au niveau mondial, il y a environ 60 GW de Datacenters installés. Cela va beaucoup évoluer d’ici 2030, notamment à cause de l’IA :

  • Multiplication par 2 au niveau mondial (60 GW en 2023> 120 GW en 2030) ;
  • Multiplication par 2 au niveau européen ;
  • Multiplication par 3 en France. (0,6 GW en 2023 > 1,6GW en 2030).

Plusieurs raisons expliquent cette montée en croissance plus importante en France :
  • La France a un positionnement très central en Europe par rapport à la localisation des données ;
  • La France utilise une énergie plutôt décarbonée.

L’IA est déjà en place, et ces tendances haussières sont inévitables. En revanche, plusieurs actions peuvent être menées pour réduire leur l’impact :

  • Garantir l’attractivité de la France, pour garder la maitrise de l’impact par rapport à des territoires qui s’en soucient moins. Cela passe par 3 composantes obligatoires : développement du réseau fibre, développement des infrastructures datacenter, relocaliser en France la fabrication des puces (notamment GPU) ;
  • Mise en place de mécanismes d’ACV (Analyse du cycle de vie) sur l’ensemble des centres de données que l’on construit (béton bas carbone, batteries lithium, efficacité énergétique…) ;
  • Suivi d'Indicateurs environnementaux partagés par la profession.
L’IA peut-elle avoir de bons côtés ?
Si on enlève les utilisations futiles et ludiques de l’IA, plusieurs secteurs d’activité peuvent bénéficier de ses bienfaits. C’est notamment le cas du secteur médical, voici 2 exemples :
  • Les chercheurs de polytechnique ont été capables de détecter en avance de phase des signes de maladie de parkinson, 15 ans avant l’apparition des symptômes physiques ;
  • Les chercheurs utilisant l’IA ont été capables de détecter 42% d’embolie pulmonaires de plus que les radiologues humains.

Il est donc fortement rappelé de maitriser nos usages de l’IA, tant au niveau personnel que professionnel, car on a tous notre part de responsabilité sur le sujet.

Le retour d’expérience d’une PME : Digital Forest


Plusieurs approches ont été adoptées simultanément par Digital Forest :

L’approche Green IT, écoconcevoir une infrastructure :
  • Création de serveurs sur la base de composants électroniques reconditionnés et éprouvés pour leur durabilité ;
  • Mise en veille et gestion de capacité automatique des serveurs ;
  • Alimentation énergétique hydroélectrique, en utilisant au mieux les conditions d’approvisionnement offertes par le territoire d’implantation ;
  • Refroidissement des serveurs grâce à la géothermie inversée.
 
La contribution climatique : Rendre 2 fois plus que ce que l’on prend
  • Travailler avec son écosystème complet, et sortir du schéma d’entreprise indépendante ;
  • Formation et mise en place d'espaces de dialogue entre toutes les parties prenantes (clients, fournisseurs…).

L’innovation dans le domaine du développement logiciel


A travers une démarche de sensibilisation, on peut faire évoluer le comportement du consommateur. Par exemple, dans le secteur de l’automobile, l’affichage de l’énergie consommée aux 100 km permet au conducteur de modifier sa conduite.

D’autre part, l’Open source permet de maintenir des logiciels plus longtemps dans le temps, et de réutiliser des briques logicielles déjà construites et optimisées.

Concernant l’IA, certains modèles sont propriétaires, comme Chat GPT, qui appartient à Microsoft. D’autres sont Open Source, comme Mistral. L’Open Source bénéficie d’un avantage majeur : On n’a pas les même moyens (financiers, ressources humaines …) que Microsoft. On est donc contraint de créer un outil plus frugal, qui cible davantage un besoin spécifique.

Le retour d’expérience d’OpenStudio sur une innovation du modèle économique


OpenStudio est un acteur engagé de la nouvelle économie, qui imagine des outils numériques intelligents et responsables. Il réalise des projets de développement sur-mesure, en s’appuyant notamment sur les technologies Open Source.

L’entreprise ne contraint pas ses clients à utiliser des technologies Open Source, mais elle les y incite fortement, et l’intègre à son modèle économique :
  • Les clients qui optent pour l’Open Source se voient attribuer des remises commerciales intéressantes ;
  • Pour les clients qui n’optent pas pour l’Open Source, OpenStudio réinvestit une partie des bénéfices engendrés dans des causes d’intérêts communs : soutien association (de l’AGIT par exemple, merci OpenStudio ! ), soutien de projets environnementaux (La ruche connectée…).  

Et l'Innovation sur les biens communs dans tout ça ?


Si on développe pour un secteur d’activité un référentiel et des critères, on va donner les outils à chaque corps de métier pour pouvoir produire en connaissance d’un impact et d’un effort à consentir. Par exemple, est-ce que mon applicatif a du sens ? Qu’est-ce qu’il va apporter à un groupe d’utilisateur ? à la société ? Quels impacts va-t-il avoir ?

L’adoption de référentiels communs est importante dans une démarche de mise en conformité. La mise en conformité correspond à un nombre de critère appliqués dans le cadre d’un projet. Ces critères sont généralement définis par les référentiels (à l’image du RGESN– Référentiel Général d’écoconception de services numériques), et repris par les organismes de notation.

 
Retrouvez toutes ces informations et bien davantage dans le Replay de la TableRonde : https://www.youtube.com/watch?v=vw-cUAvdS60
 
Et dans les différentes publications de l’Alliance Green IT : publications(alliancegreenit.org)
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