Le numérique est-il vraiment durable ?
Une table ronde présentée par plusieurs membres de l’Alliance Green IT (en gras) : Animateur Romuald Ribault, VP de l'Alliance Green IT ; Jérôme Totel, Directeur de la Stratégie et de l’Innovation chez Data4 Group ; Georges Ouffoué, Manager Sustainability Technology ;Paul Le Dantec, Président d’EKHO ; Mathieu Delemme, Président du groupe Ctrl-a ; David Berthiaud, Directeur de la Transformation Numérique à La Rochelle Agglomération ; Florian Guillanton, Cofondateur et Directeur du Design chez Ctrl S ; Céline Patissier, Autrice et responsable éditoriale chez OpenStudio / Capitaine Carbone.
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Résumé de la Table Ronde
Le numérique est devenu omniprésent dans nos vies : serveurs, intelligence artificielle, objets connectés… Mais derrière cette apparente immatérialité se cache une lourde empreinte environnementale. Le secteur représente déjà près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et ce chiffre pourrait doubler d’ici 2030 si rien n’est fait.
Pourtant, bien pensé, le numérique peut aussi être un formidable levier pour accélérer la transition écologique : optimisation des consommations énergétiques, pilotage intelligent des réseaux, innovations pour la sobriété…
C’est cette tension entre opportunités et risques qui a nourri la table ronde « Numérique durable et transition écologique » organisée lors de l’Université d’Été E5T, le jeudi 28 août.
Quelques chiffres pour situer le débat
- En 2025, 80 % des organisations utilisent l’IA (contre 55 % en 2023).Dans le secteur de la santé, 90 % des hôpitaux y ont recours pour le diagnostic ou le suivi médical.
- L’IA est omniprésente : 66 % des individus l’utilisent, et ce chiffre grimpe à 92 % chez les étudiants.
- Les usages commerciaux se transforment : 54 % des acheteurs consultent l’IA avant un achat, mais seulement 46 % disent lui faire confiance.
Ces données mettent en lumière la double réalité : un usage massif, mais encore teinté de méfiance.
L’empreinte énergétique et sociale du numérique
Le numérique connaît une croissance exponentielle, mais cette expansion s’accompagne d’une pression énergétique et sociale considérable. Aujourd’hui, les data centers consomment :
Monde : 80 MW
Europe : 12 MW
France : 1 GW
D’ici 2030, la consommation pourrait atteindre :
Monde : 200 MW
Europe : 40 MW
Ces chiffres montrent qu’il est urgent d’agir pour améliorer la sobriété numérique, l’efficacité énergétique et le recours aux énergies renouvelables.
Un enjeu géopolitique et économique
Les infrastructures numériques sont aussi au cœur des stratégies mondiales :
États-Unis : 500 milliards de dollars investis dans les data centers pour rester en tête dans la course à l’IA.
Europe : lancement de La Giga Factory pour sécuriser la souveraineté numérique et énergétique du continent
Les impacts sociaux et environnementaux
L’essor de l’IA et des infrastructures numériques a des conséquences directes :
Social : des milliers de personnes, souvent dans des pays en développement, alimentent et corrigent les données dans des conditions de travail précaires.
Environnemental : forte consommation d’eau et d’électricité, émissions de CO₂ et dégradation des écosystèmes locaux.
Cognitif : l’usage massif de l’IA peut réduire la pensée critique et affaiblir le savoir-faire humain.
Vers un numérique durable
L’éco-conception et la sobriété numérique sont essentielles :
Utile : répondre à un vrai besoin.
Utilisable : facile à utiliser et à intégrer.
Utilisé : réellement exploité par les utilisateurs.
Près de 50 % des fonctionnalités logicielles restent inutilisées, ce qui souligne l’importance de repenser nos systèmes numériques pour réduire leur impact.
Pour résumer l’IA doit compléter, et non remplacer, l’humain, afin de préserver la réflexion, l’innovation et le jugement.