L'AGIT (Alliance Green IT) considère que le numérique responsable constitue non seulement une réponse nécessaire à la crise écologique sans précédent que nous traversons, mais également un enjeu stratégique majeur pour la résilience et la compétitivité des organisations dans un contexte mondial de plus en plus volatil (environnement VUCA - Vulnérabilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté).
Depuis plus d'une décennie, l'AGIT alerte, par le biais de ses livres blancs et de ses études, sur les impacts écologiques considérables du secteur numérique. Ces impacts se manifestent à chaque étape du cycle de vie des équipements :- La phase de fabrication, particulièrement l'extraction minière
- La phase d'utilisation, qui représente désormais plus de 10% de la consommation électrique mondiale
- La fin de vie des équipements, rarement recyclés à l'échelle mondiale.
Une dépendance croissante aux services numériques
Au-delà de l'impact environnemental, la dépendance croissante des entreprises aux services numériques constitue un sujet de préoccupation majeur. L'expansion rapide des technologies numériques, avec l'intelligence artificielle comme fer de lance, s'est développée sans évaluation approfondie des risques associés à court et moyen terme.
De fait, les conséquences du dérèglement climatique (inondations, sécheresses, ouragans) affectent déjà significativement les infrastructures numériques :
Selon le rapport "Business on the Edge" du Forum Économique Mondial (décembre 2024), le secteur des télécommunications figure parmi les plus exposés aux effets du changement climatique, avec des perspectives de pertes considérables.
Vulnérabilités de la chaîne de valeur numérique
Dans un monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity & Ambiguity), les risques sont principalement liés à la fragilité de la chaîne de valeur du numérique et à son exposition à divers aléas (climatiques, géopolitiques, économiques, sociétaux). Cette chaîne comporte de nombreux points de rupture, certains plus critiques ou urgents que d'autres.Impacts climatiques
En février 2025, la fédération France Assureurs a publié son rapport annuel de prospective : pour le secteur de l'assurance, le dérèglement climatique rejoint désormais les cyberattaques sur la première marche du podium des risques.De fait, les conséquences du dérèglement climatique (inondations, sécheresses, ouragans) affectent déjà significativement les infrastructures numériques :
- Réseaux de télécommunications
- Sites de production d'équipements numériques
- Installations minières fournissant les matières premières essentielles
Dépendance aux ressources critiques
Le quartz de Spruce Pine n'est qu'un exemple parmi d'autres de la dépendance extrême du secteur numérique aux métaux et autres matériaux critiques (terres rares, cobalt, lithium,…). Ces ressources se raréfient à l'échelle mondiale, notamment en raison de la concurrence croissante d'autres industries liées à la transition écologique. Cette problématique s'étend également aux ressources énergétiques.Risques géopolitiques
Les tensions géopolitiques représentent également une menace pour la chaîne de valeur numérique. Les scénarii de risque sont multiples :- Restriction d'accès aux services numériques américains (Microsoft, Google, Salesforce, Meta)
- Sabotage d'infrastructures critiques, comme l'illustrent les incidents de novembre 2024 en mer Baltique où deux câbles sous-marins ont été sectionnés successivement
- Annexion potentielle de Taiwan par la Chine qui pourrait priver le reste du monde de micro-processeurs. La crise du COVID avait d'ailleurs montré l'extrême sensibilité du numérique au fabricant TSMC avec des délais et des annulations de commandes majeurs de la plupart des fabricants de PC
Perte de compétences
L'adoption de l'intelligence artificielle, avec son corollaire d'automatisation et d'approche productiviste, fait peser un risque supplémentaire sur les organisations : celui de la perte progressive de compétences humaines. En cas d'interruption de service, cette érosion des savoir-faire pourrait s'avérer fatale pour certaines entités.Une approche responsable et robuste
Face à l'urgence et à la nature systémique de ces enjeux, les entreprises doivent repenser leur intégration du numérique dans leur chaîne de valeur. Cela implique une prise de conscience des risques de rupture de service et l'adoption d'approches numériques responsables.En février 2025, l'AGIT a publié son baromètre des bonnes pratiques numériques. Cette étude est structurée autour de 22 indicateurs clés répartis en 8 grandes thématiques : les infrastructures informatiques, les datacenters, l'impression, la fin de vie, les achats, la gouvernance, les postes de travail et les applications. Si la maturité des acteurs s'améliore, le chemin vers un numérique plus responsable reste encore long.
Le numérique responsable (ou Sustainable IT) répond simultanément :
- Aux exigences des directives européennes en matière de RSE et d'impact environnemental
- Au besoin de résilience face à l'imprévisibilité du monde contemporain, en réduisant la dépendance aux ressources rares et en renforçant la robustesse des systèmes informatiques.
Cette démarche s'inscrit dans une logique de soutenabilité, de sobriété et d'anticipation des risques liés aux crises climatiques, économiques et géopolitiques actuelles et futures.
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Le futur est désormais caractérisé comme VUCA (Vulnérabilité, Incertitude, Complexité, Ambiguïté) voire BANI (Fragile, Anxieux, Non linéaire, Incompréhensible) par la majorité des prospectivistes.L'AGIT tient à saluer le travail réalisé en France par Ecologic concernant la collecte et le recyclage des équipements numériques obsolètes auprès des entreprises.