COVID 19 et numérique responsable : quel impact?

Internet risque-t-il vraiment d'exploser ?

Démêlons le vrai du faux


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COVID 19, Internet risque-t-il vraiment d’exploser face à notre surconsommation durant le confinement ?

 
Ces deux dernières semaines de confinement, nous constatons un fort accroissement de nos usages récréatifs et professionnels du numérique : visionnage de films et séries en streaming, jeux vidéo en ligne ou hors ligne, partages d’actualités sur les réseaux sociaux, réunions en vidéoconférence… etc.
 
Cette consommation accrue de bande passante fait planer beaucoup de craintes sur la capacité des réseaux à se maintenir et sur l’augmentation de nos impacts environnementaux.
 
Rappelons-le, les ¾ des impacts environnementaux du numérique sont liés à la fabrication des équipements (extraction de métaux rares, précieux,consommation importante d’eau et d’énergie pour transformer ces métaux bruts,chaine de production, transport, …) et à la gestion de leur fin de vie (enfouissement, pollution des sols et des eaux par des métaux lourds, …)
 
Ce constat n’a pas changé avec le confinement. La part de l’empreinte globale sur laquelle nous influons avec nos usages plus diversifiés est donc de 25%.
 
Il est néanmoins essentiel de décrypter l’idée qui annonce une défaillance d’Internet, répandue ces derniers jours, et faire un point sur notre consommation du numérique, car tout progrès est bénéfique.
 
Ces derniers jours, on entend souvent parler de la saturation d’Internet. Il faut cependant bien différencier le réseau Internet et les services qui y sont connectés. Si un élève ou un enseignant essaie de se connecter au site du CNED (Centre National d’Enseignement à Distance) et qu’il récupère un message d’erreur, cela n’a rien à voir avec le réseau Internet. C’est le site Web utilisé qui est surchargé d’activité et ne peut pas répondre à la surcharge de demandes. Le réseau qui mène à ce site n’est généralement pas impacté et les fournisseurs d’accès Internet ont prévu des pics d’activités occasionnels, il y a donc très peu de risques de voir Internet défaillir.
 
Pour bien comprendre comment Internet fonctionne et pourquoi cette idée reçue partagée ces derniers jours a en réalité très peu de chance de se produire, nous vous conseillons ce très bon article qui explique l’usage d’Internet en temps de confinement, son impact sur les réseaux et la neutralité du net : https://framablog.org/2020/03/21/linternet-pendant-le-confinement/
 
Cependant, même si Internet n’est pas saturé, cela ne veut pas dire qu’on puisse gaspiller bêtement cette ressource utile.
 

Les 2 éco-gestes prioritaires pour agir sur 75% de nos impacts

 
Ne pas acheter de nouveaux équipements : La tentation de trouver de nouveaux moyens de se divertir est grande en cette période de confinement. Qu’il s’agisse d’une console de jeux, d’un ordinateur portable, d’une nouvelle télévision, d’un téléphone, …, nous vous conseillons de résister à l’envie d’acheter un nouvel équipement dont vous n’aviez pas l’utilité avant le confinement et dont vous n‘aurez pas plus l’utilité une fois que nous serons sortis du confinement.
 
Ne pas jeter nos équipements électroniques usagés à la poubelle : Avec l’arrivée du printemps et de son fameux grand ménage annuel, ranger son intérieur et se débarrasser des objets qui ne nous servent plus est devenu une activité très tendance. Selon l’ADEME, chaque foyer possède en moyenne 100 objets électriques et électroniques, utilisés ou non. Videz vos fonds de tiroir et vous constaterez que vous aviez surement oublié une clé USB, un ancien téléphone mobile, votre lecteur mp3, …
Conservez ces équipements que vous n’utilisez plus dans un coin et déposez-les une fois le confinement passé dans un point de collecte agréé (déchetteries, magasins, associations, structures de solidarité, …) en vue de leur traitement.
 

Et les 25% restants, on s’en moque alors ?

 
Bien sûr que non, tout impact a son importance !
 
D’ailleurs, cette période d’accalmie et de concentration sur soi peut être le bon moment pour réfléchir à nos usages et voir comment nous pouvons commencer à prendre de bonnes habitudes pour limiter l’impact de notre pratique numérique au quotidien. Voici quelques bonnes pratiques que nous vous proposons d’adopter dès maintenant, et de poursuivre même après le confinement :
 
Réduire notre facture d’électricité
Pourquoi ? Un certain nombre d’équipements numériques fonctionnent en permanence et consomment même lorsque vous ne les utilisez pas. Voici quelques éco-gestes qui devraient être aussi répandus que d’éteindre la lumière lorsque l’on sort d’une pièce :
  • Éteindre ses appareils électriques et électroniques lorsque l’on a fini de les utiliser, car la mise en veille consomme encore ;
  • Ne pas laisser se charger notre téléphone portable toute la nuit : une heure ou deux suffisent maintenant à le recharger entièrement ;
  • Éteindre sa box Internet et son boitier TV la nuit, lorsque l’on ne s’en sert pas ;
  • Éteindre ses multiprises disposant d’interrupteurs.
 
Se connecter à Internet de manière éclairée
Pourquoi ? Tous les moyens de se connecter à Internet ne se valent pas. Certains consomment plus d’énergie et font appel à plus d’équipements que d’autres. La 4G consomme 23 fois plus d’énergie qu’une connexion Wifi.
  • Privilégier les connexions « fixes » (filaire ou Wifi par exemple) aux connexions sur les réseaux mobiles (3G ou 4G) ;
  • Ajouter les sites que l’on consulte régulièrement en favoris, pour ne pas faire appel à chaque fois à son moteur de recherche ;
  • Limiter son utilisation du Cloud en désactivant la synchronisation automatique des photos et vidéos.
 
Repenser notre utilisation des vidéos en Streaming et des jeux vidéo
Pourquoi ? Le streaming sollicite une grande quantité d’équipements, dont vous n’avez probablement pas conscience, pour pouvoir fonctionner et afficher la vidéo sur votre terminal. D’autre part, cette vidéo entière va être pré-chargée pour vous permettre de poursuivre le visionnage de manière fluide, même en cas de coupure Internet.         
  • S’accorder des créneaux dédiés et penser également à d’autres activités ;
  • Privilégier le téléchargement si possible, et l’anticiper pendant les heures creuses (après 23h00) ;
  • Baisser la qualité de la vidéo que l’on regarde ou de notre jeu en ligne ;
  • Désactiver la lecture automatique des vidéos sur les réseaux sociaux ;
  • Préférer les jeux vidéo hors ligne ;
  • Écouter de la musique sur des plateformes dédiées.
 
Privilégier les appels classiques et les SMS pour vos communications
Pourquoi ? De nombreux outils de vidéoconférence sont mis à votre disposition gratuitement en ce moment, mais le nombre d’équipements nécessaires pour leur fonctionnement et le flux de bande passante qu’ils génèrent est conséquent.
  • Limiter la vidéoconférence à certains contacts et pour certains moments. Il n‘est peut-être pas utile d’appeler tout le monde en vidéoconférence à longueur de journée.
 
Imprimer son attestation de sortie de manière écoresponsable
Pourquoi ? Avec 67 millions d’habitants en France, en toute logique beaucoup d’attestations devraient être imprimées !
  • Imprimer selon votre juste besoin, ne pas imprimer 50 attestations d’avance ;
  • Imprimer sur des feuilles que vous avez conservées comme brouillon ;
  • Imprimer en noir et blanc, recto verso, en mode éco ;
  • Privilégier une police moins consommatrice en encre, par exemple Century Gothic, qui permet une économie d’encre de 30% comparativement à Arial.
 
S‘informer de manière raisonnée
Pourquoi ? La crise sanitaire actuelle fait peur, les médias l’ont compris et jouent sur ce facteur pour vous tenir constamment en alerte. C’est autant de vidéos et articles que vous allez regarder, lire et partager.
  • S’accorder un créneau d’information par jour suffit à savoir ce qu’il se passe dans le monde ;
  • La radio est également un bon canal d’information.
 
En télétravail, savoir se déconnecter
Pourquoi ? La disparition de la frontière « géographique » entre travail et vie personnelle peut conduire le travailleur à effectuer davantage d’heures. Cela peut s’avérer d’autant plus vrai en période de confinement, puisque plusieurs personnes partagent les mêmes espaces et qu’il n’y a pas forcément de règles établies.  
  • Recourir à une pratique cadrée du télétravail, en définissant des horaires spécifiques et des règles à suivre par toutes les personnes qui partagent votre foyer.
 

En conclusion

 
Pour limiter efficacement nos impacts, il est nécessaire d’agir en priorité sur les deux leviers ayant le plus d’impact, la fabrication et la gestion de la fin de vie de nos équipements. Nous privilégions donc de ne rien acheter durant cette période de confinement. Même si l’envie est grande, gardez à l’esprit que cela n’est que passager et que nous aurons bientôt l’occasion de ressortir. D’autant plus que la priorité est à l’acheminement des produits de première nécessité, car leurs achats en ligne s’accroissent fortement et que les transporteurs fonctionnent actuellement avec des équipes réduites (ou mettent en danger leurs travailleurs en ne leur garantissant pas de conditions d’hygiène suffisantes). Si vous avez néanmoins absolument besoin d’acquérir un équipement, privilégiez l’achat d’un bien d’occasion ou l’emprunt, en respectant les gestes barrière bien entendu.
 
Ne jetez aucun équipement électronique à la poubelle car ils peuvent être revalorisés en les déposant dans des points de collecte agréés.
 
Nous constatons que sur certains aspects, les entreprises du numérique s’en sortent mieux que d’autres dans ce contexte de crise sanitaire, puisque que l’activité peut se poursuivre à distance. D’un autre côté, cette crise nous montre les limites de la mondialisation et la grande majorité de notre production numérique est hors de France. D’autre part, nous ne sommes pas non plus à l’abri d’une crise technologique qui pourrait entrainer une défaillance de nos systèmes digitaux (Cyber-attaque à l’échelle nationale, coupure d’énergie à l’échelle d’un territoire, catastrophe naturelle, …). Ces éco-gestes prendront encore tout leur sens demain après la crise et face aux changements qui s’annoncent.
 
Profitons donc de cette période de confinement pour changer durablement nos habitudes en matière d’utilisation des outils numériques. Nous vous invitons pour cela à consulter les différents documents et Livres Blancs créés par l’Alliance Green IT, disponibles en libre accès sur :  espace-ressources/filtre_publication.

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Plusieurs membres de l’AGIT, ou d’autres acteurs de l’écosystème numérique ont également mis en lumière certaines de ces pratiques dans leur récents travaux et messages d’information. Par exemple :
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