D. LA NORMALISATION DU DATACENTER
En lien avec les évolutions réglementaires, l’un des principaux enjeux du Datacenter est la normalisation. En effet, de plus en plus de normes sont publiées afin d’encadrer et d’harmoniser les règles à appliquer et les bonnes pratiques. Bien que le respect des exigences de ces normes soit basé sur le volontariat, il est à noter qu’une norme ou un recueil de bonnes pratiques peuvent devenir obligatoire dès lors qu’ils sont repris dans des exigences réglementaires (décret, arrêté, règlement).Il convient de rappeler la distinction entre les différentes terminologies qui seront abordés dans
ce paragraphe :
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- Norme : Document de référence rédigé par un ensemble de parties prenantes et publié par un organisme de normalisation ;
- Certification : preuve de conformité à un référentiel. Elle est obtenue suite à un audit par un organisme de certification, qui est un tiers expert neutre ;
- Label-marque : propriété d’une organisation dont l’attribution se fait suite à vérification de la conformité par rapport à un référentiel ;
- Bonnes pratiques : Référentiel d’actions identifiées comme pertinentes à mettre en place.
Ces différentes initiatives peuvent être d’ordre :
- International, comme pour les normes ISO par exemple ;
- Territorial, comme pour la série de Normes EN 50 600 ou le Code of conduct for Datacenter, applicable au sein de l’Union européenne ;
- National, comme par exemple l’initiative récente de Swiss Datacenter Efficiency Association (SDEA), qui a créé un label délivré sur la base d’indice d’efficacité du Datacenter et de seuils d’émissions de GES.
Il existe plusieurs référentiels concernant les Datacenters qui sont illustrés dans la cartographie
ci-contre :
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- Les normes en phase de construction : il existe plusieurs référentiels propres au secteur du BTP et adaptable à la conception / construction du Datacenter. Ainsi, dans le but de s’inscrire dans une démarche vertueuse, un Datacenter peut être conçu en veillant au respect des exigences de ce référentiel et se voir certifier. Cette démarche, en plus d’être vertueuse, est également une opportunité de valoriser le Datacenter, conçu en fonction des besoins et attentes de l’écosystème actuel.
- Les normes et bonnes pratiques d’exploitation : la Commission européenne a développé un référentiel de bonnes pratiques sur la performance environnementale et énergétique des Datacenters : le Code de Conduite des Datacenters. Il s’agit d’un recueil très complet applicable à tout type de Datacenter (de la salle informatique aux Datacenters dit hyperscale en passant par les Edge Datacenter. Outre cette norme, d’autres sont publiées afin de partager les règles de calculs des indicateurs, ou de définir l’état de l’art pour un exploitant de Datacenter (ASHRAE, Green Grid).
- Les normes de management : les certifications ISO 14001 et ISO 50001 qui concernent le management de l’environnement et de l’énergie tendent à se généraliser au niveau des Datacenter, ces démarches forment une approche structurante basée sur le principe de l’amélioration continue.
- La série de normes EN 50600 est au carrefour des trois premières catégories de normes identifiées : il s’agit d’un standard très complet qui porte sur des exigences allant de la conception à l’exploitation du Datacenter, en passant par le management de l’énergie.
Ces normes et bonnes pratiques sont un enjeu pour la croissance durable du Datacenter. Si l’on prend l’exemple des règles de températures en salle informatique, il faut savoir qu’à technologies informatiques et services fournis identiques, les consommations d’un Datacenter peuvent varier du simple au double selon les consignes de température d’exploitation retenues.
Comme l’évoque Nicolas Miceli, Expert en performance énergétique Datacenter, dans son article « Relever la température des salles serveurs pour améliorer la performance énergétique des Datacenters », la température d’une grande majorité de Datacenters est encore maintenue à des niveaux trop bas au vue des standards actuels comme celui de l’ASHRAE (American Society of Heating, Refrigerating and Air Conditioning Engineers). Ce consortium recommande des plages de températures en entrée de serveur de 18 à 27 °C, avec une hygrométrie comprise entre 8 et 60 %.
Le Code of Conduct version 2021 préconise même d’aller jusqu’aux plages A1 à A4 pour les nouveaux serveurs. Voir Sections 4.1.2, 4.1.3, 4.1.4 et 5.3.1: https://e3p.jrc.ec.europa.eu/sites/default/files/ documents/publications/jrc123653_jrc119571_2021_best_practice_guidelines_final_v1_1.pdf
Selon l’auteur, la température peut être remontée de quelques degrés pour un fonctionnement moins énergivore des salles informatiques, une augmentation de la capacité de refroidissement sans investissement complémentaire, et sans compromettre pour autant la continuité de service IT (27).