1. MÉTHODOLOGIE
LE RÉFÉRENTIEL MÉTHODOLOGIQUE D’ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE D’UN RÉSEAU LAN ET SERVICES DE TÉLÉPHONIE D’ENTREPRISE
Le référentiel (18) sur lequel reposent les études pilote présentées dans le présent livre blanc est spécifiquement dédié à l’évaluation environnementale d’un réseau LAN et des services de téléphonie d’entreprise. Il intègre la logique de télétravail, ou travail hybride, et a été élaboré en complément du référentiel « Fourniture d’Accès Internet (19) » publié en avril 2021 et mis à jour en janvier 2023, et du référentiel « Services d’hébergement informatique en centre de données et services Cloud (20) » publié en janvier 2023.
Il regroupe les éléments nécessaires pour calculer les impacts environnementaux d’un Réseau LAN et de trois services de téléphonie d’entreprise, définis dans le paragraphe « unités fonctionnelles ».Il a pour objectif :
- D’encadrer la méthodologie d’évaluation des impacts environnementaux de ces services ;
- De simplifier la méthode de calcul afin de faciliter l’affichage environnemental pour les entreprises qui les commercialisent ;
- D’identifier les équipements clés d’une infrastructure d’entreprise.
LES UNITÉS FONCTIONNELLES DU RÉFÉRENTIEL
Chaque service numérique répond à un besoin et se définit notamment par une ou plusieurs fonctionnalités (21). L’unité fonctionnelle est l’unité de mesure utilisée pour évaluer le service rendu par le service. L’unité fonctionnelle est donc une unité de référence représentative d’un service en prenant en considération son usage, son niveau de performance et une durée. Une unité fonctionnelle traduit très souvent un acte métier ou une unité commercialisée. Dans le cadre de ce référentiel, les unités fonctionnelles (UF) étudiées sont :
- UF1 : « Mettre à disposition un réseau LAN/ VLAN »
- UF2 : « Passer un appel audio un à un pendant une durée déterminée »
- UF3 : « Réaliser une visioconférence pour une durée déterminée »
- UF4 : « Envoyer un message chat comportant un nombre de caractères déterminé »
Ces unités fonctionnelles seront étudiées selon différents scenarii (notamment selon le type de terminal utilisé).
LES INDICATEURS D’AFFICHAGE ENVIRONNEMENTAL
Pour présenter les résultats d’une analyse environnementale multicritères, il faut des indicateurs environnementaux. Conformément à la méthodologie établie dans le référentiel, les résultats sont présentés suivant les 5 indicateurs environnementaux obligatoires suivants pour les 2 cas pilotes :
- Changement climatique :
> Exprimé en kg équivalent CO2 (kg eq CO2)
> Quantifie les émissions de gaz à effet de serre
- Épuisement des ressources :
> Évalue la quantité de ressources (minérales et métalliques) extraites des sols, prenant en compte leur raréfaction.
- Acidification :
> Évalue les rejets de composés acides dans les sols, cause de dépérissement de la végétation environnante.
- Émission de particules fines :
> Évalue l’incidence sur la santé d’un individu de l’inhalation de particules fines issues de rejets anthropiques.
- Radiations ionisantes :
> Évalue la responsabilité d’un système sur les rejets d’ions radioactifs ayant lieu au cours de son cycle de vie.
> Les radiations ionisantes dont il est fait mention dans le présent document concernent celles émises lors de la production par des centrales nucléaires de l’énergie nécessaire à la production, au transport et au fonctionnement des équipements. Les chiffres présentés ne concernent pas le rayonnement électromagnétique des appareils, qui génère quant à lui des radiations non ionisantes.
En complément, le groupe de travail préconise l’utilisation des deux indicateurs suivants qui semblent pertinent selon leur retour d’expérience :
- Consommation d’énergie primaire :
> Exprimé en MJ (Méga Joules)
> L’énergie primaire fossile est la première forme d’énergie d’origine fossile directement disponible dans la nature avant toute transformation »
- MIPS :
> Quantifie la quantité de ressources utilisées pour produire une unité de produit ou service
L’épuisement de la ressource en eau est également un indicateur disponible mais qui n’est pas étudié du fait du manque de fiabilité des facteurs d’émissions associés pour les équipements électriques et électroniques en fin de vie.
Des travaux de recherche sur le sujet sont en cours avec pour objectif d’améliorer ces données et rendre possible l’analyse des résultats obtenus sur cet indicateur. Il est important de rappeler que les équipements électriques et électroniques font intervenir des matériaux dont l’extraction est source d’une importante consommation d’eau.
2. DONNÉES
Le calcul d’impacts environnementaux multicritères d’un réseau LAN requiert des facteurs d’émissions pour les équipements physiques qui le composent et les flux occasionnés.
LES BASES DE DONNÉES DISPONIBLES
Ces dernières années de nombreux projets de création de bases de données sur le numérique ont vu le jour et fournissent ainsi les facteurs d’émissions nécessaires à l’évaluation des services numériques.
Il existe une base de données privée connue sous le nom de NegaOctet (22).
Fruit de 36 mois de travaux de recherche menés par LCIE Bureau Veritas, APL Data Center, GreenIT.fr et DDemain dans le cadre de l’appel à projet Perfecto 2018, NegaOctet permet de mesurer l’impact environnemental des services numériques sur l’ensemble de leur cycle de vie.
NegaOctet, c’est :
- Une méthodologie de mesure des impacts environnementaux conforme aux recommandations françaises et internationales.
- Une base de données gratuite ou payante.
- Un outil qui automatise le calcul des KPI environnementaux (réchauffement climatique,
consommations de ressources, pollution, etc.).
Le référentiel NegaOctet est enrichi et amélioré en continu (création de nouvelles données et maintenance de la base). La base contient 1 500 composants et équipements classés selon quatre niveaux de granularité. À chaque équipement sont associés jusqu’à 30 facteurs d’impacts : de l’épuisement des ressources abiotiques au réchauffement global en passant par l’eutrophisation.
Des bases de données publiques existent, notamment :
- La base Empreinte de l’ADEME (23) concentre un panel de données multi-sectorielles et a récemment intégré des données issues de la base NegaOctet pour constituer une section « Numérique ». Vous pouvez retrouver la liste des données relatives au numérique dans l’onglet «4 - AE - Base IMPACTS® - Documentation», puis «numérique (NegaOctet)».
- Le référentiel de données Boavizta répertorie des données d’impacts environnementaux déclarées par les fabricants, principalement sur l’indicateur Changement Climatique. Certaines données sont également disponibles pour les indicateurs Énergie Primaire et Épuisement des Ressources.
LES DONNÉES DISPONIBLES DANS LE CALCULATEUR
Selon les référentiels d’affichage environnemental de l’ADEME, trois catégories de données sont définies de la manière suivante :
- Une donnée secondaire ou donnée générique : il s’agit d’une « valeur quantifiée d’une activité ou d’un processus de cycle de vie du produit obtenu à partir de sources autres que la mesure directe ou le calcul à partir de mesures directes ». Une donnée secondaire est imposée dans le cadre d’une évaluation environnementale réalisée conformément aux référentiels précités. Les données secondaires permettent d’imposer un même facteur d’impact pour l’ensemble des acteurs appliquant le référentiel. Les équipements pour lesquels sont définies des données secondaires ont un impact environnemental qui contribue peu à l’impact environnemental global du service.
- Une donnée semi-spécifique : c’est une « donnée précisée par défaut mais pouvant être spécifiée par l’opérateur afin d’améliorer l’évaluation environnementale ». Ces valeurs semi-spécifiques, volontairement conservatrices, ont pour objectif d’inciter les acteurs de la filière à substituer à la donnée semi-spécifique leur propre valeur, afin d’améliorer les résultats de l’évaluation environnementale.
- Une donnée primaire ou donnée spécifique : il s’agit d’une « valeur quantifiée issue d’une mesure directe ou d’un calcul à partir de mesures directes d’une activité ou d’un processus du cycle de vie du produit. Cette valeur permet, après multiplication par un facteur d’émission ou de caractérisation, de calculer un indicateur de catégorie d’impact ».
Dans le cadre du référentiel méthodologique d’évaluation environnementale d’un réseau LAN et des services de téléphonie d’entreprise, il a été considéré les éléments suivants :
- Les données qualifiées de données secondaires sont l’ensemble des données à ce jour disponibles dans la base Empreinte de l’ADEME
- Les données qualifiées comme données semi-spécifiques, sont les données des équipements qui ont été identifiés comme ayant un impact significatif dans le cadre de la réalisation des cas pilotes réalisés avec TELERYS et INTRACOM et pour lesquels il a été jugé pertinent de partager des valeurs par défaut afin de permettre aux acteurs du secteur de réaliser une évaluation environnementale macro de leur réseau LAN.
Les données semi-spécifiques définies dans le référentiel et dans le calculateur sont
> Soit des données moyennes obtenues à partir de cas d’étude réalisés par APL DATACENTER pour le compte de ses clients,
> Soit des modélisations réalisées par APL DATACENTER pour les données non disponibles sur les bases de données existantes.
- Les données spécifiques sont celles qui doivent être complétées et mises à jour par les acteurs du secteur afin d’affiner les résultats de l’évaluation, soit en utilisant un logiciel d’ACV permettant de modéliser les équipements, soit en faisant appel à un bureau d’étude spécialisé.
La liste des données modélisées est disponible en Annexe A.
3. OUTILS
Un outil de calcul simplifié permettant l’affichage des résultats d’impacts environnementaux sur les 5 indicateurs requis dans le référentiel est mis à disposition par l’AGIT et le CDRT. La présentation ainsi que les paramètres d’utilisation sont détaillés en Annexe B du présent document (section VII.3).
Bien que cet outil ait été réalisé avec le soutien de l’ADEME, cet outil n’est pas un outil « officiel »de l’ADEME et du référentiel méthodologique d’évaluation environnementale d’un réseau LAN et des services de téléphonie d’entreprise.
Cet outil a néanmoins le mérite d’exister car, il est le fruit de la réflexion commune constitué des acteurs de terrain du numérique responsable et de professionnels de la filière téléphonie et réseaux d’entreprises. Il permet de fournir des ordres de grandeur et des premiers éléments de reporting environnemental internes à une entreprise ou organisation.
Par ailleurs, pour toute communication officielle externe, la recommandation est de compléter ces premiers éléments de reporting environnemental par des analyses du cycle de vie spécifiques (avec revue critique et des données primaires).