Le numérique est source de nombreux apports et défis au sein de notre société. Il est difficile de percevoir le poids réel du numérique dans le monde actuel. Pourtant, si l’on ne peut que percevoir la partie émergée de l’iceberg, c’est une véritable révolution numérique, à l’instar de la révolution industrielle, que nous vivons et qui est le moteur d’un monde en mutation. Le numérique impacte aujourd’hui toutes les facettes de la vie du citoyen et change les relations entre État, citoyens et organisations.
Dans un monde où le numérique touche l’ensemble de la vie citoyenne, l’ensemble des sujets traités par les équipes en charge de l’administration de ces services est impacté et peut bénéficier de ces avantages. Il est également possible pour un service de gérer ses activités en prenant en compte en temps réel les informations générées par les autres services du territoire :
Le citadin :
En conclusion, le recours au numérique sur les territoires permet aux citadins de faire connaître leurs demandes et besoins, et aux gestionnaires d’y répondre efficacement.
notions clés
Infobésité : “La surcharge informationnelle, surinformation ou infobésité est un concept désignant l’excès d’informations reçues par une personne qu’elle ne peut traiter ou supporter sans porter préjudice à elle-même ou à son activité.”(1)
Bulle informationnelle : Phénomène qui touche les veilleurs (entre autres...) et se présente sous la forme d’un biais cognitif qui pousse les individus à retentir une information parce qu’elle confirme leurs préjugés et à rejeter une autre information parce qu’elle contredit ces mêmes préjugés. “Ce premier filtre c’est nous même !“ explique Serge Courrier consultant et formateur en veille et en stratégie éditoriale ; “par manque de temps ou par fainéantise, nous choisissons les mauvais mots clé alors qu’il faut aujourd’hui effectuer des recherches en texte intégral. Les veilleurs doivent absolument repenser leur champ lexical.“(2)
Télémédecine : La télémédecine est une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Elle met en rapport, entre eux ou avec un patient, un ou plusieurs professionnels de santé, parmi lesquels figurent nécessairement un professionnel médical (médecin, sagefemme, chirurgien-dentiste) et, le cas échéant, d’autres professionnels apportant leurs soins au patient.(3)
E-learning : Mode d’apprentissage requérant l’usage du multimédia et donnant accès à des formations interactives sur Internet.
MOOC : Massive Open Online Course. Selon le dictionnaire Larousse, il s’agit d’une formation dispensée sur Internet et accessible à tous. Ce type de cours offre à chacun la possibilité d’évaluer ses connaissances et peut déboucher sur une certification, parfois payante.
1. L'internaute et l'accès à l'information
’avènement d’Internet, puis de son accessibilité accrue sur toute sorte d’objet connecté quel que soit le lieu où on se trouve à redéfinir notre relation au monde. À l’ère du numérique, le savoir est un flux d’informations co-construit à mesure des partages entre internautes. Nos outils augmentent le volume d’informations auquel nous faisons face et les sources se propagent en étant reprises que ce soit par mail, via les réseaux sociaux ou même les applications numériques des médias. Ces flux nous parviennent en continu via nos objets connectés. Ces derniers, mobiles, nous permettent de les recevoir où que nous soyons, mais également de participer à la génération de ces informations. Cependant, face à une technologie relativement jeune nous constatons aujourd’hui les premiers effets pervers de cette « surexposition » à l’information.
Face à la richesse d’informations disponibles, les gérants de contenus sur internet apprennent les intérêts des usagers via leurs activités et tendent à spécialiser les nouveaux contenus proposés.
Cette surcharge d’informations produites en masse, démultipliées, déformées et réceptionnées en temps réel n’est pas sans conséquence. Un contexte qui augmente les risques psychosociaux pour l’internaute. Aujourd’hui, ce que l’on appelle « infobésité » regroupe plusieurs symptômes d’un mal trouvant systématiquement son origine dans la surexposition à l’information.
Concernant les bulles informationnelles, si ces mesures peuvent limiter les conséquences de l’accès à un variété d’informations importantes, ces bulles tendent également à limiter l’ouverture d’esprit de l’usager qui, non conscient de ces filtres paramétrés à son insu, se forgera un avis biaisé lors de ses recherches.
Pour limiter la quantité des contenus présentés à l’utilisateur, certains acteurs affichent des contenus filtrés, ne proposant que des informations qui se rapprochent des contenus déjà consultés. Ce phénomène peut créer un réel risque d’enfermement.
Le phénomène de bulle informationnelle ne date pas d’internet. Les lecteurs de journaux se retrouvent fréquemment enfermés dans des bulles informationnelles liées au traitement médiatique de l’actualité. Dans un premier temps, internet a semblé limiter ce phénomène en facilitant l’accès à des sources diversifiés d’informations. Mais face à l’infobésité, les mécanismes de filtrage basés sur les préférences des internautes ont reconstitué voire renforcé ces bulles. On peut notamment l’observer sur les réseaux sociaux en ligne.
points positifs
- L’information est disponible partout, par tous et à tout moment ;
- Les sources d’informations sont variées ;
- L’information recherchée peut être pré-filtrée en fonction des intérêts de l’utilisateur.
points de vigilance
- Perte de sens : face à des quantités parfois absurdes d’informations, l’internaute peut connaître une perte de sens vis-à-vis de cette dernière. L’information omniprésente devient alors superficielle pour l’utilisateur ;
- Problèmes de mémoire : des problèmes liés à la mémoire court-terme face à la réception et l’appréciation constante de nouvelles informations ;• Addiction : Une amplification du phénomène d’addiction, notamment aux réseaux sociaux ;
- Pouvoir décisionnel : une perte de la capacité à prendre des décisions. Face à la multitude de choix, l’internaute perd toute sensation de maîtrise du sujet. Il sera ainsi plus récalcitrant au risque et s’orientera vers ce qui lui est le plus familier ;
- Une perte de l’expression créative face à un esprit saturé. Les exemples trop nombreux peuvent inciter l’usager à reprendre l’existant plutôt que de favoriser le développement d‘une idée nouvelle ;
- Une perte de la capacité à juger de la véracité d’une information, face à des sources trop nombreuses et fragmentées
recommandations
Le phénomène d’infobésité est le fruit de l’attitude du citoyen face à l’outil numérique. Il est la conséquence néfaste des avantages d’internet, et sa résolution doit passer par la sensibilisation et l’éducation des internautes et la propre discipline qu’ils s’imposent. Afin de pouvoir bénéficier des bienfaits apportés par les outils numériques tout en limitant leurs travers, notre recommandation est la suivante :
- Faire évoluer le design des services numériques pour permettre à l’utilisateur de choisir la manière dont son contenu est filtré.
2. Le citoyen et son territoire
Sur un territoire donné, les avantages et mises en garde offerts par le numérique peuvent être observés du côté des deux principales parties prenantes : les gestionnaires et les citadins
points positifs
Le gestionnaire :
La numérisation de la gestion des services urbains est une réelle opportunité d’amélioration de l’activité des territoires :
- Le numérique permet l’accumulation de connaissances sur l’écosystème urbain. Cette nouvelle connaissance favorise une meilleure appréciation des flux nécessaires pour satisfaire et anticiper les besoins quotidiens des habitants, des services publics et des entreprises.
- Outre ces aspects, l’outil numérique permet une gestion simplifiée du territoire. Si l’on prend l’exemple des smarts-grids : grâce à la visualisation des flux et besoins en temps réel, l’outil numérique permet une gestion optimale des approvisionnements.
- Gestion de la santé ;
- Gestion de l’éducation ;
- Gestion de l’eau et de l’assainissement ;
- Gestion des flux de déchets ;
- Gestion de la distribution de l’énergie (smart-grids) ;
- Gestion des déplacements des citoyens et des transports de denrées.
Le numérique révolutionne l’expérience de l’usager au sein de la ville. L’omniprésence des réseaux d’informations/communication et des objets connectés pour y accéder permet au citadin :
- D’exploiter au mieux ce que son territoire offre. L’accès aux ressources et aux services est grandement simplifié ;
- D’accroître son confort de vie quotidien via les services dématérialisés. L’usager a la maîtrise de ces services en temps réel et de chez lui ;
- De mettre simplement en place un dialogue entre usagers et gestionnaires pour des offres répondant à des besoins de plus en plus personnalisés.
points de vigilance
- La fracture sociale créée par les situations disparates de connectivité des territoires à une époque où l’outil numérique gère tous les aspects de la vie. Ce point est directement lié aux inégalités géographiques de connexion à l’outil internet, traitées dans la thématique 9.
3. Les citoyens et la santé
Les technologies numériques modifient le rapport à l’information médicale et agrandissent le champ des possibles en termes de type de pratiques.
points positifs
Relation patient, médecin :
A une ère où le citoyen a pris l’habitude de commander et consommer biens et services à domicile grâce à internet, il ne fallait qu’un pas pour voir les secteurs non lucratifs s’adapter à ces nouvelles pratiques. Ces dernières redéfinissent l’interaction entre patients et professionnels de la santé. Disruptives, elles apportent des solutions qui n’étaient pas envisageables et des nouveaux enjeux sur lesquels il faudra apprendre et agir.
L’exemple de la télémédecine, une pratique récemment reconnue (les téléconsultations sont remboursables), permet d’illustrer ce point. Cette pratique peut être déroutante face au modèle traditionnel et dispose d’atouts et d’inconvénients. Encore jeunes, ces services à distance doivent faire leurs preuves. La pratique est pourtant viable dans plusieurs situations, notamment pour effectuer un premier niveau de consultation. La télémédecine permettrait ainsi de répondre à plusieurs enjeux actuels :
- Le désengorgement des urgences en prenant une part de leur charge, diminuant ainsi leur sollicitation ;
- La lutte contre les déserts médicaux grâce à l’accessibilité à distance et à la possibilité pour le médecin de réaliser un suivi de son patient et de consolider son diagnostic.
Systèmes d’informations médicaux et parcours de soins :
Désormais numérisés, les SI médicaux ont le potentiel de modifier profondément le parcours de soin du patient :
- Un parcours de soins peut inclure la participation de nombreux acteurs de la santé et de nombreuses spécialités. Dans un contexte où l’échange d’informations est difficile, (rendant les démarches administratives pénibles), favoriser la coordination entre les différents services de santé via le numérique est l’opportunité de mettre le patient au centre du parcours de soin. En permettant l’accès aux informations essentielles du patient, chaque partie prenante est en capacité de comprendre pleinement les antécédents et de faire des choix éclairés ;
- Autre avantage de l’application du numérique dans le parcours de soin du patient : la possibilité de rester chez soi avec une surveillance renforcée, facilitée par les objets connectés.
Face aux impératifs essentiels du secret médical, les plateformes font l’objet d’une réflexion et d’une utilisation réglementée.
Technologie numérique :
La technologie numérique offre également des avancées dans les traitements médicaux. C’est le cas par exemple de l’imagerie médicale numérisée.
points de vigilance
L’automédication
Face à l’accès au savoir permis par le numérique, 80 % des internautes font des recherches ayant trait à la santé. Ces recherches concernent par exemple la consultation de forum de santé où des communautés échangent, l’utilisation d’applications mobiles etc. Ces pratiques comportent alors des risques de désinformation et les effets néfastes sont potentiellement graves.
La télémédecine :
La télémédecine, et le manque de proximité inévitable que cela entraîne peut facilement niveler la qualité des soins vers le bas. La confidentialité des données médicales est un enjeu qui touche à la fois:
- La télémédecine, un suivi à distance nécessitant le référencement des données dans un univers numérique connecté ;
- Les SI des systèmes de santé souhaitant mettre en place des échanges d’informations des patients entre différents professionnels du secteur.
Les données médicales d’un patient sont extrêmement sensibles. Outre les enjeux de pudeur compréhensible, la Halde classe la situation médicale comme un des critères de discrimination reconnus légalement.
recommandations
Les modifications entraînées par le numérique sur le secteur de la santé méritent une vigilance accrue et l’application du principe de précaution. Le domaine est sensible et une mauvaise gestion du changement peut avoir très vite des conséquences importantes.
4. Le citoyen et l'éducation, l'apprentissage
Dans le domaine de l’éducation, le numérique est un véritable atout, se révélant source de réduction d’inégalité. Il rend accessible au plus grand nombre l’éducation tout en favorisant la construction de parcours et permet un apprentissage à la carte.
points positifs
Contenu des formations :
- Il permet, en théorie, un accès illimité aux sources d’informations. À l’ère du numérique, même les plus grandes universités mettent à disposition de tous des contenus de grande qualité (gratuitement ou non) ;
- La numérisation des savoirs, et notamment la souplesse offerte en termes de gestion de documentation, facilite grandement l’accès à une information à jour à l’instant « T ».
Déroulement des formations :
- Il permet la mise en place de solutions d’apprentissage à distance incroyablement souples, permettant à l’apprenant d’accéder aux cursus où qu’il soit et quel que soit son emploi du temps, y compris professionnel (les MOOC en sont l’exemple le plus parlant) ;
- L’outil numérique favorise l’interactivité. L’usager est guidé dans ses travaux de recherche, l’information est classée et il est aisé de la confronter à d’autres contenus ;
- L’outil numérique permet également un partage de documents simplifié entre les étudiants, qu’il s’agisse de prise de notes, d’études… etc
points de vigilance
Les avantages apportés par le numérique sont cependant également source de dérive.
- L’outil numérique absous des problématiques de place disponible au sein d’une salle physique, on peut observer une augmentation drastique des élèves par cursus. Cela mène potentiellement à une prise en compte amoindrie du suivi individuel de l’élève ;
- Si la connaissance est aujourd’hui plus accessible que jamais, le numérique connaît un vrai problème visà-vis de la validation des acquis. Comment faire une validation fiable et reconnue ?
recommandations
Face à un panel très large de MOOC à disposition, le citoyen doit être vigilant à la fiabilité de son contenu, qu’il peut contrôler en vérifiant les sources (plateforme de mise en ligne, formateur… etc.). En contrepartie, le recours à une ou plusieurs formations en ligne sur le même sujet permet de confronter différents points de vue.