Thématique 3 - Santé et sécurité au travail

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Les apports et les risques induits par les Technologies de l’Information et de la Communication bouleversent nos organisations et comportements. 
  • Quelles opportunités dessinent-elles ? 
  • Quelles sont les nouvelles sources de risques pour notre santé, notre sécurité ? 
  • Sont-elles génératrices d’une nouvelle forme d’aliénation inhérente à la connexion rendue quasi permanente au monde du travail ?

Issus de la technologie de l’information et de la communication émergent différents outils et moyens. Qu’il s’agisse de réalité virtuelle ou augmentée de cobotique (robotique collaborative) ils visent à assister l’Homme en automatisant une partie de ses tâches et réduire ainsi le risque et la pénibilité d’actions répétitives en s’appuyant sur les compétences humaines spécifiques (analyse, décision…).Ces nouveaux outils génèrent l’apparition de nouveaux troubles ; musculo-squelettiques, ainsi que des aspects physiques liés à la vision, lumière, position assise, bruit ambiant, de nouveaux facteurs de stress....Générant de nouvelles contraintes liées à l’ergonomie du (poste de) travail, donc de nouveaux besoins en : prévention, accompagnement, formation, qui à terme vont voir apparaître de nouveaux modes d’organisation.


notions clés 

Syndrome du canal carpien : Le syndrome du canal carpien (1) fait partie des troubles musculo-squelettiques (2). C’est l’une des maladies professionnelles les plus fréquentes. Le syndrome du canal carpien est une affection caractérisée par des symptômes au niveau de la main (douleurs, troubles de la sensibilité et diminution de la force). Il résulte d’une compression du nerf médian au poignet et il est favorisé par la répétition de certains mouvements ou postures de la main ainsi que par certaines maladies.

Cobotique : “Le mot « cobotique » vient de Cooperative Robotics. Cette discipline se caractérise par l’interaction, directe ou à distance, entre un opérateur et un système robotique. On distingue plusieurs types de cobots : ceux pilotés par un opérateur situé à proximité immédiate du système, d’autres commandés à plus grande distance (ou téléopérés) et les exosquelettes, sortes de prolongements du corps humain. Le principe est d’associer en temps réel les capacités d’un robot (force, précision, répétition…) et les compétences d’un être humain (savoir-faire, analyse, décision…).”(3)


1. Sécurité au travail et technologie de l'information et de la communication 

Comment les Technologies de l’Information et de la Communication influent sur la sécurité au travail. L’attention portée à nos outils numériques augmente le risque d’accident, il s’agit principalement d’un risque lié à l’utilisation du smartphone, et des différents outils numériques facilitant la mobilité, qui sollicite notre attention sans interruption, même lorsque nous nous déplaçons.

points positifs

  • Peut-être source d’amélioration de certains emplois à risque (robot dans les centrales nucléaires) ou répétitif (travail réalisé par des robots sur des chaînes de production) avec opérateur sur écran de supervision ;
  • L’évolution et la mise à disposition d’outil numérique permet la réduction des déplacements et donc des risques associés ;
  • Mise à disposition de banques numériques de ressources en prévention des risques professionnels (site de INRS l’Institut National de Recherche et de Sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles), et de retour d’expérience pour limiter les risques d’accidents.

points de vigilance


  • Il est important de s’assurer de la capacité d’attention lors de l’utilisation des outils numériques : 
> Téléphoner au volant multiplie par 3 le risque d’accident corporel (4) 
> La conversation téléphonique au volant est responsable d’un accident corporel sur 10 
> Lire un message en conduisant multiplie par au moins 23 le risque d’accident
  • Adapter les outils aux contraintes de sécurité, en systématisant la suspension de connexion lors des déplacements.

recommandations


Afin de pouvoir bénéficier des bienfaits apportés par les outils numériques tout en limitant leurs travers, nos recommandations sont les suivantes :
  • L’employeur et l’utilisateur doivent être sensibilisés aux risques générés par la possibilité offerte d’être connectés et donc sollicités en permanence. Ce point doit être pris en compte lors des déplacements et doit faire partie des précautions élémentaires à mettre en place dans l’organisation du travail.


2. Santé au travail, l'aspect physique 

Au-delà du risque d’accident l’impact sur la santé physique n’est pas à négliger. Le travail intensif devant un écran de visualisation peut engendrer des troubles de la santé tels que fatigue visuelle, troubles musculosquelettiques et stress.

L’organisation du poste de travail, l’ergonomie des outils, la position physique (assise ou non, l’inclinaison de l’écran, le placement de l’écran par rapport à l’angle de vision), sont-ils en cohérence avec les apports des Technologies de l’Information et de la Communication ? ; font-ils l’objet d’identification, d’adaptations spécifiques ?

points positifs

  • Confort et diversité des moyens (logiciels, outils, smartphone…) mis à dispositions, réduction du poids du matériel, amélioration de la luminosité ;
  • Améliore l’accès au travail pour des personnes en situation de handicap.

points de vigilance

  • Peut engendrer le syndrome du canal carpien ;
  • L’intervention du syndrome du canal carpien a concerné 126 943 personnes en 2014 ;
  • Augmentation de la sédentarité ;
  • La réduction de la taille des écrans peut engendrer des problèmes de vision.

En France, le nombre de TMS reconnus comme maladies professionnelles s’élevait à 46 537 en 2012. Pour cette année-là, on estime qu’environ 5 % de ces TMS étaient attribuables au travail sur écran.

recommandations


L’enjeu est de déterminer les caractéristiques des outils en fonction de l’utilisation qui en est faite. Afin de pouvoir bénéficier des bienfaits apportés par les outils numériques tout en limitant leurs travers, nos recommandations sont les suivantes :
  • Repenser les outils de travail d’un usage plus naturel et intuitif afin d’améliorer l’ergonomie et le confort
  • Identifier par poste les nouvelles façons d’utiliser les outils pour permettre d’identifier les contraintes de ceux-ci et de les prendre en compte.

Cela doit être un des principaux critères de choix des équipements et de l’organisation du poste de travail.

retour d'expérience


Dans le cadre de son système de management de la santé et sécurité au travail :
  • Interxion remet à l’ensemble de ses collaborateurs des tapis de souris ainsi que des souris ergonomiques afin de prévenir les risques de santé physiques en réduisant notamment les risques liés au syndrome du canal carpien ;
  • Culture sécurité : Des sensibilisations mensuelles sur des thématiques HSE - Hygiène, sécurité, environnement - sont réalisées par les managers lors de leurs réunions d’équipes ;
  • Afin de prévenir les risques psychosociaux au sein de l’entreprise, Interxion a planifié de former l’ensemble de son management (top management, management intermédiaire) aux risques psychosociaux (RPS) en se faisant accompagner par un organisme extérieur. En amont Interxion a effectué un diagnostic interne avec le support de la médecine du travail afin de recenser les facteurs de risques présents au sein de l’entreprise.


3. Santé au travail, l'aspect psychologique 

Pour l’accomplissement de tâches de traitement d’informations, les outils numériques induisent un certain nombre d’opérations mentales simultanées qui nécessitent des efforts de concentration, de compréhension, d’adaptation, d’attention et de minutie. Conjuguées à la pression psychologique due aux exigences de rapidité, de qualité d’exécution, aux contraintes fixées par la hiérarchie et à la gestion des relations avec collègues et tiers, les outils numériques génèrent une importante contrainte psychique de charge mentale.

points positifs

  • Évitement des déplacements ;
  • Liberté et facilité d’accès à l’information, nécessaire au travail ;
  • Permet une formation continue, voir permanente ;
  • Augmentation de l’autonomie, possibilité d’anticiper et d’étaler une charge de travail sur l’ensemble de la journée ;
  • Rester en contact avec l’entreprise, le monde du travail, même en étant à l’extérieur de l’entreprise ;
  • Meilleur équilibre vie privée / vie professionnelle.

points de vigilance

  • Addiction à l’instantanéité, incapacité à gérer le travail de fond ;
  • Démultiplication des informations à traiter, le sentiment d’accélération permanente des flux d’informations ;
  • Mise en difficulté des salariés liée au besoin d’adaptation permanente aux nouveaux outils et leurs fonctionnalités ;
  • Peut générer un manque de contact humain, on envoie un mail plutôt qu’avoir un face à face ;
  • Devient anxiogène lorsqu’on a peur de manquer une information ;
  • Peut être source d’écart générationnel voir culturel ;
  • Altération des capacités de concentration, on zappe d’un sujet à l’autre en permanence ;
  • Risque de « pistage » des activités professionnelles et extra professionnelles des salariés.

recommandations


Afin de pouvoir bénéficier des bienfaits apportés par les outils numériques tout en limitant leurs travers, nos recommandations sont les suivantes :
  • Les nouveaux outils doivent être accompagnés de nouvelles organisations qui permettent de former en permanence les collaborateurs aux évolutions apportées par le numérique ;
  • Ces nouvelles organisations qui doivent dégager du temps de rencontre, du temps « humain » et développer le contact et l’esprit d’équipe ;
  • Prendre en compte « Le système global de vie » doit permettre d’aboutir à une hyper connexion maîtrisée avec des moments d’échanges privilégiés axés sur les relations humaines ;
  • La mise en place du droit à la déconnexion, abordé dans la thématique 2.

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1. Comprendre le syndrome du canal carpien, Ameli.fr https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/tms
2. Troubles musculo-squelettiques (TMS), Ameli.fr, 11 avril 2019 https://www.ameli.fr/yvelines/assure/sante/themes/syndrome-canalcarpien/comprendre-syndrome-canal-carpien
3. Cobotique : des robots collaboratifs, Safran https://www.safran-group.com/fr/media/20151218_cobotique-des-robots-collaboratifs
4. Statistiques d’accident 2016, Association prévention routière, 22 avril 2016 https://www.preventionroutiere.asso.fr/2016/04/22/statistiques-daccidents/Le facteur téléphone n’est pas comptabilisé dans les statistiques d’accidents de la sécurité routière pour les piétons